L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la violence conjugale comme “tout acte de violence au sein d’une relation intime qui cause un préjudice ou des souffrances physiques, psychologiques ou sexuelles aux personnes qui en font partie”.
Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint.
Un homme meurt tous les 15 jours sous les coups de sa conjointe.
Avant qu’elle ne soit physique, la violence psychologique s’installe de façon insidieuse mais destructrice, à travers un processus au cours duquel, pour instaurer et maintenir une supériorité, le partenaire recourt à la force, à la menace, à la contrainte ou à tout autre moyen de pression ou de maltraitance. L’autre est traité comme un objet et non comme un sujet de droits.
La violence conjugale peut se décliner sous différentes formes, commençant toujours par la violence verbale et psychologique.
La violence psychologique vise à déstabiliser la victime, à annihiler ses repères afin qu’elle doute du bien-fondé de sa propre position ou perception des choses, qu’elle se soumette aux volontés de son bourreau ou qu’elle ne se rebelle pas. Dans cette catégorie, figurent :
- le mutisme ou le refus de parole pendant plusieurs heures et parfois plusieurs jours,
- les insultes,
- les hurlements ou le fait de parler à l’autre en collant son visage contre le sien,
- les vexations,
- les critiques incessantes,
- les sarcasmes,
- les remarques désobligeantes,
- le chantage affectif ou financier (utilisé comme un moyen de contrôle),
- les ordres contradictoires ,
- les incohérences du discours
- le harcèlement,
- tous les comportements de mépris, d’avilissement ou d’asservissement de l’autre, ainsi que les propos dévalorisants,
les dénigrements, la dévaluation des actions ou pensées de l’autre, les jugements négatifs à l’encontre de sa personne. - la prise des enfants à témoin ou en otage
Il s’agit de toutes les attaques qui touchent l’intégrité psychique du partenaire et qui sont en fait des actes de tortures mentales.
Il a fallu de nombreuses années et un combat sans relâche pour admettre dans un premier temps que le couple peut être générateur de violence.
Par la suite, après 50 ans de travail et de bataille encore non achevés par les différents mouvements féministes pour défendre la cause des femmes, la violence faite aux femmes a pu être reconnue.
Actuellement, la violence conjugale est dénoncée dans les médias. Cependant, dans les représentations collectives et inconscientes, quand nous parlons de violence conjugale, les hommes sont toujours coupables et les femmes victimes.
Si vous recherchez « violence conjugale » sur internet, vous trouverez toute une liste d’associations et de dispositifs venant en aide aux femmes victimes de violence. Quasiment rien pour les hommes.
C’est pourtant une femme, Sylvianne Spitzer, qui finit par créer SOS Hommes battus en 2009 et par la suite SOS papa.
Même si la parole se libère, celles des hommes qui subissent une violence psychologie et/ou physique (toute violence commence par une emprise psychologique) est encore difficilement entendable tant les stéréotypes et les préjugés sont puissants.
Pourquoi est-ce si difficile pour un homme de se reconnaître déjà lui-même en situation de violence ? Parce que dans l’inconscient individuel, le mécanisme de défense qui est à l’œuvre est le déni : « il m’est impossible de me reconnaître dans cette situation, cela me fait déjà trop violence de me reconnaître dans une situation violente ».
Dans l’inconscient collectif, même si cela est difficile à admettre, un homme maltraité, violenté, battu par une femme perd immédiatement sa position d’homme. De plus, il est difficile d’admettre que la femme, celle qui donne la vie, puisse être violente.
Pour le psychiatre et psychanalyste Sege Héfez, «l’homme victime de violence est déclassé, dévirilisé, il perd sa place « naturelle » de dominant. Et nous en sommes choqués au point de le trouver ridicule au lieu d’éprouver de l’empathie pour lui, comme chaque fois qu’un mâle se montre dans sa polarité féminine « soumis, pénétré » plus que pénétrant ».
Nous en serions encore là ? Dans les lois sûrement pas, mais dans leur application, dans les faits et dans les inconscients, c’est certain.
Ce que disent les hommes victimes de violence, c’est leur sidération de voir leur amour se retourner contre eux et sont terriblement inquiets de perdre leur enfant quand il y en a. La violence conjugale et plus largement familiale, n’est pas qu’une question de domination physique, mais elle est aussi et surtout une forme d’emprise psychique dont il est difficile de s’extraire, tous sexes confondus.
Les violences sournoises dans le couple sont une triste réalité pour beaucoup de partenaires amoureux, femmes et hommes d’ailleurs, même si ces derniers sont plus nombreux que les femmes à dépasser le dernier palier de la violence, allant jusqu’à la violence physique à l’égard ou du matériel ou des personnes et terrorisant leur conjoint.
Personne n’est à l’abri. Tout le monde peut se retrouver un jour sous l’emprise d’un conjoint violent. Les victimes n’ont pas un profil-type même s’il existe des facteurs de risque et de vulnérabilité : des carences affectives dans l’enfance, une intolérance à la solitude, une faible estime de soi, une injonction inconsciente dictant qu’elle ne mérite pas d’être aimée ou mieux considérée, qu’on peut lui faire du mal, elle est forte et peut encaisser,… Très souvent, le partenaire abuseur cherche à aggraver les fragilités, à creuser plus profondément les failles de l’autre pour mieux lui couper les ailes et le maintenir à sa disposition. Ces agissements sont extrêmement pervers.
L’aide d’un professionnel psychologue est généralement nécessaire pour analyser la situation, identifier les techniques d’emprise mises en oeuvre par le partenaire et s’en libérer, réparer l’estime de soi du conjoint victime et le soutenir dans sa reconstruction, mais aussi le guider et l’orienter dans les démarches concrètes à effectuer.
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